PIC JOFFRE 2362 m. CONSECRATION et BAPTEME
A 7 heures du matin le 1er août 1920, un groupe d’une quinzaine de personne quitte le chalet refuge des Cortalets dans le massif du Canigou.
Conduit par Sauveur Saporte, le gérant du chalet Hôtel, il prend la direction du pic du Canigou en passant par la fontaine de la Perdrix. Après cette fontaine, alors que le sentier change de versant pour atteindre la crête qui mène au Canigou, se trouve le but de l’expédition : un sommet encore sans dénomination sur lequel a déjà été planté avant la Grande Guerre un mât.
Peut être influencé par l’exemple canadien qui dès 1918 avait appelé « Mount Joffre » un sommet de 3429m sur la chaine montagneuse qui sépare l’Alberta de la Colombie Britannique, la section du Canigou du Club Alpin Français a demandé au maréchal Joffre d’accepter que son nom soit donné à ce sommet anonyme proche du Canigou.
A l’initiative d’ Edmond Boixo, de Prosper Auriol, d’Irénée Daumas, ingénieur des mines d’Aytua (Olette) et de Sauveur Saporte, ils sont une dizaine pendant 3 heures à « s’affairer afin de déraciner l’ancien mât – un solide poteau télégraphique – le coucher de son long, scier la partie inférieure qu’un long séjour en terre avait altéré, scier aussi l’extrémité supérieure pour y adapter une hampe de fer puis le drapeau, enfin relever le tout, replanter solidement le mât et s’assurer de sa parfaite verticalité… Le drapeau de 2 mètres sur 1 mètre, a été découpé dans la tôle et peint de nos 3 couleurs…La hauteur totale est de 8 mètres et il est visible à l’œil nu dans un rayon de 9 kilomètres. A jour dans la tôle on peut lire en grandes lettres : PIC MARECHAL JOFFRE…L’installation terminée, les cordes enlevées, les applaudissements éclatent, les chapeaux s’agitent, les bravos retentissent et la cérémonie commence. A peine a retenti le premier coup d’une salve de 21 détonations de dynamite, que répercuteront les échos grandioses de la montagne, l’officiant s’est approché du mât, une borratxa à la main et a fait jaillir sur la hampe un raig doré de vieux macabeu, le cru célèbre de Rivesaltes, en prononçant les paroles de consécration et de baptême. Des « Vive Joffre » lui répondent. Puis il dit quelques vers catalans en l’honneur du maréchal et la cérémonie ayant pris fin, la caravane gagne le pic du Canigou pour prendre part à un somptueux déjeuner tiré des sacs. »
Ce premier drapeau n’a pas du résister longtemps aux intempéries car la Veu de Catalunya du 1 septembre 1920 nous apprend qu’une nouvelle caravane d’excursionniste va quitter Vernet-les-Bains afin de le remplacer par un de plus solide.
Sources principales :
Indépendant du 5 août 1920 (merci Taté)
Veu de Catalunya du 1er septembre 1920
Joseph Ribas : Canigou, montagne sacrée des Pyrénées, Loubatières1993, ISBN : 2-86266-202-6