LE MARECHAL JOFFRE et LE SCULPTEUR INJALBERT
Grace à la ténacité de monsieur Douglas Jackson, auteur et journaliste de Manchester en Grande-Bretagne, il nous a été permis de retrouver la paternité d’une belle sculpture du maréchal Joffre conservée au musée. De bonne facture, fondue « à la cire perdue », elle avait été donnée au musée par monsieur Jean Griot, légataire universel du maréchal Joffre. Elle repose sur un socle de marbre noir gravé des mots « le roc ».
Monsieur Jackson, qui avait déjà écrit au musée le 12 mai 2016 n’avait alors pas reçu de réponse.
Confinement aidant il a récidivé par mail le mois dernier et voici la conclusion à sa recherche. Monsieur Jackson est détenteur d’une lettre du maréchal Joffre adressée le 20 mai 1917 à Joseph Briggs où il le remerciait pour le cadeau d’une statue taille réelle du sculpteur Vincent Carano offerte par les employés de Tiffany dont monsieur Joseph Briggs était l’un des principaux dirigeant. Il désirait retrouver cette statue où Joffre était représenté adossé contre un rocher sur lequel étaient inscrit « Verdun », « l’Yser », « la Marne » et sur la base en marbre noir « le roc ».
Intéressé depuis longtemps par la personnalité de Joseph Briggs auquel il a consacré un livre, il a entrepris de rechercher cette statue imposante. Tant le musée de l’Armée que la famille Joffre n’en avaient entendu parler et comme elle ne pouvait passer inaperçue à cause de sa grande taille, ils en avaient déduit que les allemands l’avaient détruite lors de l’occupation, ce qui avait été le sort de celle du camp de Satory.
Il se demandait si notre musée de Rivesaltes n’en conservait pas une copie de taille réduite car la description correspondait en partie. Bien que les noms de 3 batailles n’y figurent pas, le socle contenait bien les mots « le roc ».
Dès que cela a été possible, je me suis rendu au musée afin de vérifier cette possibilité et tenter de déchiffrer les différentes inscriptions qu’elle comportait. S’il était possible de lire assez facilement « Au général Joffre » et plus difficilement mais surement 1906, le nom du sculpteur, alors inconnu ne pouvait correspondre à Carano car il se terminait indubitablement par –bert. Gil-bert, Géla-bert et d’autres noms de même terminaison furent envisagés et c’est finalement Robert Vargas, l’animateur du blog du musée, qui trouva la réponse : Injalbert. Une fois déterminé c’était une évidence et il se lisait parfaitement.
Jean-Antoine Injalbert né à Béziers le 23 février 1845 est mort à 87 ans à Paris le 20 janvier 1933.
Sculpteur reconnu il est l’auteur de plusieurs sculptures monumentales et de la Marianne du centenaire (1889) qui trône encore dans de nombreuses mairies.
Les statues du pont Mirabeau, de la fontaine du Triton et du monument aux morts de Béziers, inauguré le 1 novembre 1925 par le maréchal Joffre et tant d’autres sont aussi de lui.
Un mystère demeure tout de même : la date 1906.
Le Même s’il avait été promu le 24 mars 1905 général de division et le 13 janvier 1906 commandant de la 6ème division d’infanterie de Paris, ces postes quoique prestigieux ne justifiaient pas une statue coulée dans le bronze. Ce sont plutôt dans des considérations d’ordre privé qu’il fait chercher. Pourquoi ne pas imaginer une amitié entre les deux hommes qui se serait concrétisé pour son mariage, le 26 avril 1905, avec Henriette Penon par le cadeau de cette statue?
Si vous avez d’autres suggestions n’hésitez pas à nous en faire part